Témoignages « La parole est aux coopérateurs »

Témoignages recueillis le 28 avril 2024 à l’Intercoop IDF.

  • Léontine, membre des 400 Coops

– Quelles ont été tes motivations à devenir coopératrice ?
Je m’appelle Léontine et je suis coopératrice depuis deux ans aux « 400 Coop » à Paris dans le 11e. Devenir membre aux « 400 Coop », c’est consacrer 3h/ mois pour participer à la gestion du magasin. Il existe également des groupes de travail avec des thématiques par exemple l’exploitation, l’approvisionnement, la comptabilité etc. Je fais partie de la coordination qui gère des réunions auxquelles assistent des représentants de chaque groupe afin d’échanger des infos, trouver des solutions aux différents problèmes, assurer la liaison entre tous les groupes et faciliter la communication.
J’habite à côté des « 400 Coop », je suis entrée par curiosité un jour pour voir ce que c’était. Le fonctionnement correspondait bien à mes valeurs, cela faisait plusieurs années que je n’allais plus dans des grandes surfaces mais plutôt dans des magasins bio. Etre entourée de gens qui ont envie de tester des nouvelles choses m’a plu tout de suite. Essayer de mettre en pratique des nouveaux modèles, mettre en place une alternative de consommation m’a beaucoup intéressé.

– Comment tous les savoirs qui sont nécessaires à la bonne marche de l’épicerie se transmettent entre les membres ?
Devenir coopérateur, c’est dans un premier temps assister à une réunion d’information qui va donner des explications sur le projet. Il est proposé aux nouveaux adhérents de faire une formation d’une heure et demi qui a pour but d’expliquer les différentes tâches à effectuer pendant les créneaux. Il existe dans le magasin un grand tableau qui détaille ce qu’il y a à faire et ce qui déjà été fait. Les procédures et les tutos sont imprimés et consultables. Tout le monde est capable avec ces outils de faire toutes les tâches.
On a également un cloud en ligne qui regroupe tous les documents élaborés par les groupes. On y trouve les comptes rendus des réunions. Une info lettre est envoyée toutes les semaines à laquelle tout le monde peut participer. Les sujets à partager sont débattus. Tout est très ouvert.

– Faut-il agrandir la coopérative, devenir par exemple un supermarché ou plutôt essaimer et créer de nouvelles structures ?
Plus on grossit, plus ça devient lourd à organiser, à gérer. Le risque c’est que des coopérateurs ne vont plus s’y retrouver, ne plus avoir leur place pour parler. J’aurai plutôt tendance à dire qu’il vaut mieux essaimer et servir de modèle.

– Les points positifs de cette journée Intercoop, les critiques ?
J’ai trouvé cela super intéressant de faire se rencontrer autant de coopératives. Les approches diverses et différentes amènent de nombreuses réponses à des problématiques qui sont souvent les mêmes. C’est aussi important de voir qu’il y a pas mal de gens qui sont engagés ! On fait partie d’un mouvement plus large dans lequel notre engagement personnel trouve sa place.
Les ateliers étaient un peu courts. On était peut-être trop nombreux par atelier. Les objectifs de l’atelier n’étaient pas très clairs. Est-ce que c’était de l’échange, de la réflexion ? Pour la prochaine fois, il faudrait clarifier dès le début, soit partager les pratiques des uns et des autres ou réfléchir sur un sujet défini. Si on met en place une réflexion, il faudrait passer deux, trois heures au moins. Il ne faut pas juste effleurer le sujet, c’est un peu frustrant.

  • Josselin, membre de L’Epice’Rit

Quelles ont été tes motivations à devenir coopérateur ?
Je m’appelle Josselin, je suis adhérent à l’épicerie participative de Palaiseau, ville assez importante au sud de Paris. Nous sommes cent foyers adhérents environ à « L’Epice’Rit », c’est son nom. Le service demandé est de deux heures par mois minimum excepté pour les personnes âgées et celles à mobilité réduite. L’épicerie pour son fonctionnement est adossée à une plateforme numérique « Mon Epi » qui centralise tous nos besoins et qui met en place un circuit court. Cet outil permet de gérer les commandes, les adhésions, les créneaux de services et d’autres fonctionnalités de messageries entre les coopérateurs.
Les « Epi » sont nés initialement à Châteaufort dans les Yvelines en 2016, pas loin du plateau de Saclay. A l’origine, cet outil a été créé pour des communes plus rurales.

Je suis rentré dans le mouvement coopératif par la porte environnementale. Mes questions consistaient à me demander comment préserver mieux notre monde et ses êtres vivants dont l’espèce humaine mais pas uniquement. Je me suis rendu compte de l’impact de l’alimentation sur notre empreinte carbone et notre environnement d’une manière générale. Je suis devenu végétarien. J’étais étudiant à Lille à l’époque et je me suis intéressé à « SuperQuiquin », le supermarché coopératif. Du fait de mon statut d’étudiant, et de la mobilité que cela entraine, je ne suis devenu coopérateur qu’ une fois installé dans mon activité professionnelle.

J’ai découvert les épiceries participatives dans le cadre de mon travail qui s’effectue dans une association « Terre et Cité » qui valorise et protège les terres agricoles du plateau de Saclay. Ma tâche est d’essayer de développer l’alimentation locale sur le territoire qui va de Versailles, Mantes-la-Jolie jusqu’à Massy, Orsay, le plateau de Saclay, Marcoussis de l’autre côté de la vallée de l’Yvette. On a travaillé à l’association pour mettre en place le circuit court, pour comprendre ce que c’était, saisir en quoi il participait au système alimentaire et à la démocratie alimentaire territoriale. Nous avons créé un guide qui est disponible sur le site internet pour aider les futurs porteurs de projet à créer une épicerie participative. Quoi avoir en tête, quels retours d’expériences et des conseils de la part de personnes qui ont déjà monté des épiceries, … Il y en avait une à Palaiseau où j’habitais, j’ai donc adhéré pour vivre les choses de l’intérieur.

Mes motivations sont initialement environnementales avec un intérêt pour se réapproprier son alimentation. Je trouve cela très intéressant. De ce fait, on a prise sur son environnement, sur ce qu’on mange et du coup j’ai fait un potager dans mon jardin.

– Comment tous les savoirs qui sont nécessaires à la bonne marche de l’épicerie se transmettent entre les membres ?
Nous utilisons plusieurs canaux :
Dans un premier temps quand une personne veut adhérer, on l’appelle pour bien lui expliquer ce qu’est une épicerie participative, s’assurer qu’elle a bien compris les engagements qu’impliquent l’adhésion. On lui conseille d’aller voir le lieu, comment cela se passe concrètement avant la validation. C’est un moyen de passer les infos et d’expliquer le fonctionnement.

Dans un deuxième temps, une fois l’adhésion faite, la personne a accès à la plateforme. Il y a pas mal de choses à explorer. Elle clique sur les créneaux et obtient les informations sur les tâches à effectuer sur les créneaux en question. Par exemple le ménage à faire, l’emplacement des produits, le jour de la collecte des poubelles. Sur l’onglet adhérent, les renseignements à propos des clefs. Tout est bien détaillé pour que la compréhension du travail à faire soit la plus aisée.
On a aussi un canal de partage (WhatApp) pour être plus réactif et pour pouvoir poser des questions quand on a un problème.

Les mails, le bouche à oreille bien sûr ! Les gens s’ils ont envie de s’investir par exemple envoient un mail, en parlent autour d’eux et les choses se font !
Parfois les mails peuvent paraitre compliqués pour certaines personnes. La gouvernance de l’épicerie s’exerce par différents cercles. Cela peut mettre une barrière, la personne peut ne pas oser faire des demandes du fait qu’elle ne connait pas les personnes qui font partie du cercle en question. Elle ne se sent pas forcément aussi motivée qu’elles et cela peut la freiner dans son engagement.

Reste à soulever le problème que rencontrent beaucoup d’épiceries et de coopératives à savoir que le fonctionnement repose souvent sur un cœur d’adhérents extrêmement investis. Quand le nombre de coopérateurs s’élargit, comment faire en sorte pour que ces nouvelles personnes se sentent les bienvenues ? Il est nécessaire qu’il y ait un renouvellement, que les fondateurs de début passent la main et facilitent la venue de nouvelles personnes. C’est un sujet qui n’est toujours pas bien résolu ! Comment perdre le pouvoir, comment partager, comment lâcher l’émotionnel que l’on met dans son engagement ?

– Faut-il agrandir la coopérative, devenir par exemple un supermarché ou plutôt essaimer et créer de nouvelles structures ?
Cela dépend de l’objectif initial dans lequel la structure a été créée et quel est l’objectif rediscuté au fil de l’existence du magasin. Il est important d’avoir un objectif clair et commun. Pour les épiceries participatives, la réponse est assez claire, il y a une volonté commune de garder quelque chose d’assez petit, de garder un lien social, de rester sur un petit local qui est souvent fourni par la mairie.

Dès que l’on commence à dépasser les cent adhérents, c’est plus compliqué. C’est un changement d’échelle, on est moins efficace sur certains domaines. On incite donc les personnes qui voudraient rejoindre des épiceries dont les membres sont déjà nombreux à créer de nouvelles structures avec une offre d’aide. C’est ce qui s’est passé à Massy. L’épicerie à l’origine était commune à Palaiseau et à Massy, maintenant il y en a deux. la relation entre les deux épiceries est très vivante, des membres fondateurs de Massy étaient des membres de Palaiseau et certains sont encore à cheval sur les deux. Il existe même des commandes groupées, des réunions partagées sur des thématiques particulières entre les différentes épiceries participatives du territoire.

D’une manière générale, si on veut changer les choses au niveau économique, il va falloir massifier et essaimer en même temps. A chaque structure de savoir où est sa place, ce qui est le mieux pour elle et pour ses adhérents. Massifier, c’est une bataille culturelle à gagner, faire connaître les bienfaits de ce genre de coopération. C’est dur de réinventer notre rapport à l’alimentation, à faire les courses, à cuisiner, à bien manger, à faire société, créer des évènements autour de la nourriture. C’est une vaste entreprise !

– Les points positifs de cette journée Intercoop, les critiques ?
C’est toujours cool de se réunir, de se rendre compte qu’on a les mêmes problématiques, qu’on est pas tout seul, que ça bouge, que cela se développe, qu’on est sur une pente ascendante.
C’était compliqué pendant les ateliers de bien cadrer et d’avancer. On n’a pas eu de vraies conclusions à la fin. On a juste eu le temps de se présenter et pas forcément de rentrer dans les échanges. Ceci dit que chacun explique comment il fonctionne, je trouve ça riche ! On est déterminé à échanger.

L’organisation était top, la nourriture, les espaces ateliers, j’ai été agréablement surpris et content.
Pour finir je souhaite une grande distribution du durable et du local. Pour massifier, il va falloir, pour faciliter la logistique, un système qui ne repose plus forcément sur des personnes motivées mais sur une professionnalisation de l’activité. J’aimerai bien qu’on commence à penser cela. De part mon travail, j’essaie de mettre cela à l’ordre du jour.

  • Membre de Coop’ Cot

« L’organisation était pas mal, les thématiques bien choisies ! »
Mes interlocutrices sont très satisfaites de cette Intercoop qui s’est déroulée à Montreuil. « Dans mon groupe, je pouvais bien communiquer ». Elles soulignent l’équilibre des prises de parole et remarquent que les problématiques abordées sont très comparables aux leurs même si, « bien-sûr, il y a des structures bien plus avancées que nous ». Le salariat, la communication et le système informatique sont des domaines où les différences sont importantes.

Au sein de la Coop’Cot, beaucoup d’adhérents sont réticents à l’informatisation complète de leur système, alors le collectif a décidé de fonctionner avec les deux: « papier » et « informatique ». En effet, certains adhérents ne veulent pas se retrouver dans un environnement informatisé qu’ils associent au monde professionnel dans lequel ils vivent toute la semaine. En revanche, parce qu’ils ont à cœur de créer du lien, il se rencontrent dans la chorale, partagent de nombreuses recettes de cuisine et tissent ainsi les relations d’un quotidien partagé.

L’intervention du sociologue n’a pas été une découverte pour mes interlocutrices car « ce sont des choses que l’on sait déjà », mais « ce n’est pas vrai pour tout le monde » . « Ça casse l’image des coop » et cela montre « que l’on n’a pas toute la même acceptation des problèmes, des réalités ». Elles admettent que cette réalité est parfois bien différente de l’idéal poursuivi.

A Créteil, la Coop’Cot cherche à faciliter le quotidien des étudiants qui ne payent pas leur adhésion et bénéficient d’une réduction de 17% sur les achats !

  • Adrian de l’épicerie de Malakoff

Adrian avait déjà expérimenté le supermarché de La Louve et est entré dans le projet de l’Épicerie de Malakoff par la porte de la communication. Grâce à son expérience professionnelle il a souhaité partager ses compétences pour développer l‘identité de l’Épicerie. Il a notamment mis en place un site grâce à l’espace de travail Notion.
L’application permet en effet de créer des bases de données, afin d’ordonner, classer, ranger, hiérarchiser et archiver tous types de documents accessibles par tous. Cet outil semble répondre parfaitement à une préoccupation : la transmission des connaissances.
Le point positif qu’il retient de l’Intercoop est l’espace donné à la parole.
Sa réflexion sur le développement de la structure est partagée entre la réalité, une activité à flux tendu par le petit nombre d’adhérents (82) et l’envie de rester « petit » pour garder la convivialité d’une épicerie.

  • 2 adhérentes de L’Indépendante, épicerie solidaire autogérée.

L’Indépendante fonctionne sur le principe d’un compte préalimenté. Les produits sont vendus sans marge.
La motivation première des 2 adhérentes pour venir à l’Indépendante est une réflexion politique, voir militante : sortir d’un système qui ne correspond pas à leurs valeurs, ne pas consommer pour consommer mais être actrices de leur consommation et lui donner une dimension plus éthique.
Le point très positif qu’elles retiennent de l’épicerie est la connaissance de l’origine des produits : les rencontres avec les producteurs donnent une autre saveur à ce qu’elles mangent. Pour cela elles souhaitent garder une structure de petite taille, et valoriser les relations de proximité.

Démocratie et écologie au sein des supermarchés coopératifs

Le 29 novembre 2023 s’est tenue à L’Académie du Climat une rencontre organisée par La Fabrique Ecologique, fondation pluraliste de l’écologie qui pour objectif de promouvoir l’écologie et le développement durable. Cette table ronde conduite par Jill Madelenat, directrice des études à La Fabrique Ecologique portait sur l’étude qu’elle a menée :

« La grande redistribution ? Démocratie et écologie au sein des supermarchés coopératifs »,

Les membres qui ont pris part au débat représentaient pour la plupart différentes coopératives en France ainsi que deux chercheurs.

En présentiel :
– Jean-François Herry, membre fondateur et salarié de La Louve
– Denis Zmirou, membre du conseil coopératif de Coop 14
– Elisabeth Juste, membre de 400 Coop, Marion Pelissier
– Hajar El Karmouni,
o maitresse de conférences en sciences de gestion à l’EPISEN,
o chercheuse à l’institut de recherche en gestion de l’Université Paris Est Créteil.
o Elle a soutenu une thèse sur La Louve, et continue de travailler sur les dynamiques citoyennes pour la mise en place d’alternatives, principalement dans le champ de l’alimentation (elle a également travaillé sur les énergies renouvelables).

A distance :
– Charles Godron, membre historique de La Cagette, responsable de la
communication
– Eva Chevalier, présidente de Supercafoutch à Marseille
– Gregori Akermann :
o Sociologue
o chercheur à l’INRAE (Institut National de recherche sur l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
o Ses travaux portent notamment sur les supermarchés coopératifs, plus largement sur les initiatives d’accès à l’alimentation durable, et il est également membre du conseil scientifique de l’expérimentation de caisse alimentaire commune de Montpellier.

Pour une transition énergétique citoyenne

Une conférence sur la transition énergétique citoyenne, organisée par La Caravane s’est tenue à l’AERI le 16 mai 2024. En effet, la consommation énergétique devient une préoccupation de la société toute entière sans compter le défi que représente la transition énergétique pour le futur de notre planète.

Deux intervenants ont développé une présentation de Enercoop et de Electrons solaires.

Enercoop, fournisseur national d’électricité 100 % renouvelable est une coopérative, fait partie de l’économie sociale et solidaire. Elle finance la transition énergétique en France.

Electrons solaires est une démarche citoyenne portée par une volonté de promouvoir les énergies renouvelables en Ile de France pour produire de l’électricité photovoltaïque locale en Seine St Denis. L’électricité est revendue à Enercoop.

Pour aller plus loin, consultez le « Livre Blanc pour le développement des énergies renouvelables locales et citoyennes« 

Les coopératives de consommateurs en quelques dates :

  • 1835 : Création de la 1ère coopérative de consommation française à Lyon (Michel Derrion – colline de la Croix-Rousse) 
  • 1870 : Véritable développement des coopératives de consommation (1872 La Solidarité à Roanne, 1876 Union des travailleurs à St Etienne, 1879 Alliance des travailleurs à St Chamond) 
  • 1912 : Création de la plus grande coopérative française de consommation « Coop Atlantique » à Saintes : 220 magasins (dont 7 hypermarchés), 200 000 membres et 3 800 salarié·es
  • 1912 : Création de la Fédération nationale des coopératives de consommation
  • 1914 – 1918 : Les coopératives contribuent grandement à l’approvisionnement des zones urbaines
  • 1946 : Création de l’Union Sociale des Sociétés coopératives de consommation
  • 1947 : Loi Ramadier qui régit les formes de coopération, les principes et règles générales communes aux coopératives
  • 1970 : Apogée des coopératives de consommateurs en France : 6 870 points de vente dont 5 300 petits magasins, 299 supermarchés et 30 hypermarchés sous enseigne Coop, et réalisent un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros
  • 1970 – 80 : Développement des super et hypermarchés
  • 1985 – 86 : Faillite-Disparition de nombreuses coopératives de consommation
  • 2010 : Émergence de coopératives participatives (seuls les coopérateurs peuvent y faire leurs courses, bénéficier de prix juste, s’engagent à y travailler régulièrement « service »

Concours photo

Depuis cet été, le groupe Communication propose régulièrement aux membres de La Caravane d’exposer leur talent photographique avec un sujet défini.

Ce mois-ci, le thème était « Un objet insolite dans Montreuil ».

Une balade dans Montreuil peut réserver son lot de surprises, partageons celle de quelques coopérateurs…!

Un grand merci à Michèle, Bernard, Corinne et Chantal pour leur participation !

Avis aux coopérateurs, n’hésitez pas à envoyer vos clichés en lien avec les thèmes qui vous seront proposés et publiés dans La Chouquette (groupe-com@lacaravanecoop.fr) !

Je me sens tellement léger… / Chantal
Chacun son port d’attache… / Corinne
Objet insolite vu de loin, à y regarder de près… / Michèle
Plaque d’égout – vieux port de Marseille / Bernard

La vie / l’avis des coopérateurs ~ Tanguy Morizur

Nous poursuivons notre série de portraits de coopérateurs !

Aujourd’hui, c’est au tour de Tanguy Morizur :

 » Je travaille depuis deux ans dans la planification des transports en commun et des modes actifs.
Globalement, cela consiste à réorganiser les espaces urbains et ruraux pour que l’importante place aujourd’hui dédiée à la circulation et au stationnement des voitures soit réorientée vers d’autres usages plus propices à la vie locale, tout en favorisant la possibilité de se déplacer avec des mobilités alternatives.


Dans le cadre de ce travail, j’ai découvert le cas montreuillois bien avant d’y habiter. La ville est régulièrement prise en exemple pour sa politique « d’acupuncture urbaine » qui consiste à réaliser de multiples opérations rapides, peu onéreuses et stratégiquement ciblées pour changer drastiquement les usages.

La piétonisation de la rue Navoiseau, la pose de bornes rue de Verdun, qui laissent passer piétons et cyclistes mais filtrent les voitures, et l’installation de bancs publics place Jacques Duclos en sont plusieurs exemples. Mises bout à bout, ces petites opérations permettent de changer durablement le cadre de vie des habitants et les pratiques de déplacement.
C’est un métier dont j’apprécie la diversité des aspects (technique, environnemental, social,
politique…) et la possibilité de contribuer à la vie locale. »

Merci à Tanguy pour son témoignage !

Les huîtres de L’Istrec

Carte géographique de la ria d’Etel

Géographie de L’Istrec

Les huîtres de L’Istrec nous emmènent dans la ria d’Etel, située entre Quiberon et Lorient. Cette petite mer intérieure sur la cote morbihannaise comporte 2200 hectares recouverts par la marée dont 300 hectares exploités en ostréiculture. La culture de l’huître a commencé à la fin du 19ème siècle dans cet estuaire.


Ce territoire fait partie du réseau Natura 2000 en mer qui défend une gestion équilibrée et durable du site tant au niveau économique, social et environnemental. Les eaux de la ria d’Etel sont classées A (qualité et salubrité) mais l’équilibre est fragile notamment en raison de la pollution venant du continent. L’huître est un baromètre de la qualité de l’eau ce qui en souligne sa dépendance et sa vulnérabilité.

L’huître en breton se dit istr, l’Istreg signifie le pays de l’huître. C’est précisément dans ce berceau
que Jean-Noël et Tifenn Yvon élèvent leurs huîtres, celles que nous aimons à la Caravane.

L’Exploitation de Jean-Noël et Tifenn Yvon

Jean-Noël et Tifenn Yvon

Jean-Noël est issu d’une famille d’ostréiculteurs depuis quatre générations. Solidement ancré dans cette tradition, il a hérité et depuis défendu une pratique, des valeurs, une éthique d’une ostréiculture durable et solidaire. Tifenn dit avoir choisi l’ostréiculteur et en a épousé la passion.


Aujourd’hui le parc s’étend sur 14 hectares d’exploitation. Selon les schémas de structure de la profession, la production pourrait monter de 250 à 300 tonnes d’huîtres creuses par an. Ils ont décidé d’en produire 80 tonnes à l’année. De cette façon l’huître profite d’un espace nécessaire et suffisant à son développement et à sa qualité. Une partie du parc est laissé en jachère par rotation. Ils récoltent également des huîtres plates autochtones de la ria qui commencent à réapparaître en bancs naturels. Cette récolte actuellement ne représente qu’une infime quantité de leur production.


En général, tout au long de l’année l’équipe se compose de trois personnes. A partir de septembre jusqu’à Noël elle grossit jusqu’à atteindre 13 personnes à la pleine période de vente que représente les fêtes de fin d’année. Deux foires à leur actif : Dunkerque et Niewpoort en Belgique. La vente des huîtres se fait uniquement par commande.

Ils défendent et valorisent la culture de l’huître née en mer. Les écloseries, technique d’élevage artificiel, et les huîtres triploïdes, conçues en laboratoire et commercialisées sans étiquetage, ne font pas partie de leur vocabulaire sinon pour les dénoncer. Ils ont obtenu la mention Nature et Progrès (cahier des charges élaboré en 2019 ). L’huître de l’Istrec est devenue produit sentinelle pour la fondation Slow food qui accompagne les petits producteurs, préserve l’artisanat de qualité, tente de sauvegarder et de relancer un produit alimentaire menacé. Elle fait également partie du réseau Cohérence qui promeut des solutions alternatives rentables économiquement, écologiquement saines et socialement équitables.


Jean-Noël est un des piliers du syndicat mixte de la ria d’Etel (SMRE, crée en 2007) qui a instauré un dialogue entre les agriculteurs et les conchyliculteurs afin d’assurer une protection et une gestion de l’eau et des milieux naturels. Ce syndicat a notamment travaillé sur le bassin versant (territoire qui draine l’ensemble de ses eaux vers un cours d’eau ou vers la mer). L’impact de ce bassin versant sur la baie et les parcs ostréicoles influe sur la chaîne alimentaire qui a besoin d’un équilibre et d’un biotope particulier. Ce dernier est dépendant des apports d’eau douce. Le sol rincé amène les sels minéraux qui vont participer à la qualité du plancton, nourriture de l’huître. Si on a un bon apport de la terre, on a automatiquement un bon équilibre en mer.

Écouter Jean-Noël et Tifenn parler de leur passion nous fait entrevoir leur quotidien, leur symbiose totale avec le métier, l’environnement, le rythme des marées et la belle modestie qu’exige de travailler avec les lois de la Nature.

L’huître

Une huître ouverte

L’huître est un mollusque bivalve, hermaphrodite successive, en fonction des années et même pendant la saison elle change de sexe. À l’origine, Ostrea edulis, l’huître plate est endémique de la Bretagne. Deux parasites, la marteilia et la bonamia, à dix ans d’intervalle l’ont décimé dans les années 1970. Elle a été remplacée par l’huître creuse venant du Japon, Crassostrea gigas. Elle se reproduit l’été, les ovules et les spermatozoïdes sont expulsés dans l’eau pour assurer la fécondation.

La larve a besoin pendant 21 jours d’une température constante autour de 20 ° pour son développement. Elle va ensuite devenir pédivéligère (avec un pied) qui va lui permettre de se fixer.
Des collecteurs (tubes constitués de disques rainurés disposés les uns sur les autres ) vont être posés pour recueillir les larves. Cette opération s’appelle le captage. Les petites larves amalgamées les unes aux autres constituent un NAISSAIN. Ce dernier se nourrit et se développe jusqu’à devenir une huître adulte.

Le cycle de l’huître est dépendant des saisons, des élévations de température, des apports de l’eau de pluie à l’automne et en hiver. Les élevages n’existent qu’à la confluence des eaux douces et des eaux salées qui offrent les bonnes conditions à la vie du plancton, nourriture de l’huître. Elle pompe et filtre l’eau de mer pour capter les particules nécessaires à son alimentation et l’oxygène pour la respiration. Trois ans à trois et demi sont nécessaires pour amener l’huître creuse à maturité contre deux ans pour l’huître triploïde.

Le travail de l’ostréiculture

Les poches dans l’eau
Les poches posées sur les tables

« Le métier d’ostréiculteur, c’est de mettre les huîtres dans les meilleures conditions pour grandir ».
Ceci nécessite beaucoup de manipulations, de l’observation, de l’adaptabilité et une belle capacité à réagir.

Jean-Noël et Tifenn vont chercher leur naissain tous les ans au sud de la Loire où les conditions sont idéales pour la reproduction, les eaux bretonnes étant trop froides et trop instables au niveau de la température. Le naissain est immédiatement mis en poche (sac fermé en grillage plastique avec des mailles de tailles différentes) disposés sur des tables (structures métalliques) installées sur l’estran (l’espace découvert à basse mer). La poche calibrée en fonction de la taille de l’huître va devenir son habitat. Le courant va la traverser et elle va pouvoir filtrer le plancton. Ce système de poches permet aux huîtres un meilleur accès à la nourriture en les exposant aux courants et les protège des prédateurs (dorades, crabes, bigorneaux perceurs ) présents sur le fond.

Tout au long de l’élevage les poches sont tournées, dédoublées, changées de tailles de mailles en fonction de la croissance de l’huître. La culture se fait alternativement dans les poches et au sol. En poche, les huîtres profitent mieux, la chair va être de meilleure qualité. Au sol, elles éprouvent leur résistance, la coquille va se durcir pour les protéger. Le nombre de manipulations est impressionnant.

Avant qu’une huître arrive dans l’assiette, elle a été travaillée cinquante fois. Une fois leur processus de croissance terminé, les huîtres sont placées dans des bassins de décantation remplis d’eau de mer appelés dégorgeoirs.
En saison, elles sont immergées dans un bassin de trompage, recouvert par la marée qui va les obliger à rester fermées et qui va également servir de lieu de stockage. Avant l’expédition, pour les zones classées B, elles vont séjourner dans un bassin insubmersible vidé de son eau pour l’aider à mieux supporter le voyage.


Pour l’emballage et l’expédition, les huîtres sont lavées, brossées si besoin, triées, calibrées, rangées à plat dans des bourriches et mises en vente. De la surveillance et de la connaissance de l’ostréiculteur va dépendre la qualité de l’huître.
Jean-Noël dit de son métier :
« On voit, on sent, on entend au bruit. on est dans un milieu qu’on accompagne, en interaction constante avec lui. J’ai encore des milliers de choses à découvrir ».
Tous les sens sont requis, des sensations dépend la juste interprétation qui fait partie du savoir faire.


Tifenn décrit l’ostréiculture en ces termes :
« L’ostréiculture, métier vivant, totalement dépendant d’éléments aléatoires, a une seule certitude… Tout est lié… De mes pieds posés dans la vase, à mon corps plongé dans l’eau, au bout de mon bras donnant à ma main le toucher qui palpite, à mes yeux qui se lèvent pour regarder le ciel et les jeux du vent. L’huître, symbiose entre l’activité humaine à terre et la biodiversité de la mer, est un trait d’union ».
C’est ainsi que Jean-Noël et Tifenn travaillent, à la fois dans le respect de la nature et l’amour du travail bien fait.

Le changement de climat qui apporte à chaque automne son lot de découvertes inédites a des conséquences directes sur l’élevage des huîtres et leur croissance. Le taux de salinité de l’eau dépend des pluies et joue sur le développement de la végétation marine. L’ostréiculteur va devoir ajuster et anticiper le travail. De plus en plus, il faudra qu’il puise dans la connaissance de son métier pour répondre aux exigences nouvelles. À ce stade, le bagage accumulé années après années sera indispensable pour transmettre et assurer à l’ostréiculture un avenir.

Paysage de l’Istrec


Les huîtres de l’Istrec sont disponibles à la commande à la Caravane !

Le meilleur moyen de saluer le travail de Jean-Noël et Tifenn est de les goûter et de les apprécier !

Photos : Tifenn Yvon, Michèle Rolland
Rédaction : Michèle Rolland

A lire

Journée des Associations Montreuilloises

Vous êtes passés à notre stand lors de la Journée des Associations Montreuilloises ?

Vous nous avez manqué parce qu’il y avait trop d’associations trop chouettes à visiter ce jour-là ?

N’hésitez pas à vous inscrire à la prochaine réunion d’information et passer à l’épicerie pour discuter avec nous !
Au 23, rue Gaston Lauriau 93100 MONTREUIL :

  • lundi 14:00 – 21:00
  • mardi 16:30 – 21:00
  • mercredi 09:00 – 21:00
  • jeudi 16:30 – 21:00
  • vendredi 09:00 – 21:00
  • samedi 09:00 – 18:45

Merci aux membres qui ont tenu le stand ! Charlotte, Odile, Eytan, Flore, Véronique, Hervé, Fabienne, Nathalie, …

Ville de Montreuil

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