Le Miel de mon voisin

La magie du miel, ce trésor produit par les abeilles est un cadeau de la nature. Issu des plaines, du maquis, des montagnes, des forêts, il est rural ou urbain. Il se décline en saveurs multiples, arbore des couleurs dorées, du plus clair au plus sombre. On ne dénombre plus ses qualités et ses bienfaits.


Le miel de mon voisin est le miel récolté par Stéphane Couturas, apiculteur urbain à Montreuil. Stéphane qui depuis l’enfance avait une passion pour les animaux et les insectes, après une formation d’ingénieur et une activité dans la danse, a suivi une formation d’apiculteur auprès de l’association Rucher-école de Montreuil. Depuis cinq ans, il exerce son métier d’apiculteur qui englobe sa production de miel provenant de ses ruches et le travail lié aux contrats signés avec des collectivités et certaines entreprises. Stéphane nous a accueilli avec générosité dans son jardin qui héberge certaines de ses ruches.

En avant propos, petite histoire de l’abeille ….
Le saviez-vous ?
On dénombre 1000 espèces d’abeilles en France. Parmi elles, l’abeille à miel, Apis mellifera de son nom scientifique est la plus connue. Elle fait partie de l’ordre des hyménoptères qu’elle partage avec les guêpes et les fourmis. Les premières abeilles sont apparues il y a 130 millions d’années, elles seraient à l’origine des guêpes qui seraient devenues végétariennes.
L’apport de protéines amené par le régime carnivore qui était celui des guêpes primitives, s’est au fil de l’évolution transformé en nourriture issue du pollen des fleurs. L’abeille mellifère est une pollinisatrice essentielle à nos cultures. Elle transporte les grains de pollen de fleur en fleur ce qui permet la fécondation croisée et sexuée des plantes. Elle se reproduit sous forme d’essaimage. La reine se fait féconder par une vingtaine de mâles (faux bourdons) ce qui évite la consanguinité et assure une grande force adaptative.

Échange autour des abeilles

Stéphane œuvre dans l’exercice de sa profession à susciter des réflexions sur l’environnement, la nature, la biodiversité. La ruche est un outil pédagogique pour sensibiliser à l’importance de la pollinisation, à la préservation des milieux apicoles, aux relations entre la faune et la flore et à la connaissance du monde des insectes. Il installe des ruches pour des entreprises et des collectivités qui dans le cadre de la démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises) décident de contribuer au développement durable.
Il s’occupe par exemple des ruches du jardin des Tuileries. Il les installe, en assure la maintenance, récolte le miel et le met en pots. Ces contrats, en plus de sa propre production de miel et des ateliers de sensibilisation qu’il donne en milieu scolaire, constituent l’essentiel de son activité.

Montreuil, qui offre un potentiel mellifère de référence accompagne l’installation de ruches dans des espaces et des bâtiments publics ou des espaces privatifs. Stéphane bénéficie d’un soutien de la ville qui par convention lui permet d’installer ses ruches près des parcs des Beaumonts et des Guilands.

Parmi les différentes espèces d’abeilles mellifères, il a choisi de travailler avec la Buckfast, croisement de plusieurs espèces d’abeilles à miel. Elle est douce et productive, largement plébiscitée par les apiculteurs. C’est la plus adaptée à l’apiculture en ville, tandis que l’abeille noire endémique de la France a toute sa place en milieu rural.

Le fonctionnement de la ruche

Une colonie qui peut être constituée de plusieurs dizaines de milliers d’abeilles fonctionne comme un seul individu. Elles forment une société très organisée autour de la reine qui est responsable de la reproduction et de la ponte. La reine pond deux types d’œuf, les œufs non fécondés qui vont donner naissance aux mâles et des œufs fécondés aux ouvrières.

Durant leur existence (30 à 45 jours), ces dernières en fonction de leur maturation physiologique exercent des fonctions différentes : nettoyeuse, nourrice, cireuse, ventileuse, gardienne et butineuse.

La ruche est constituée d’un corps qui abrite les abeilles, la ponte, les réserves de miel et de pollen et de hausses sous forme de cadres amovibles qui sont placés au dessus du corps où le surplus de miel sera récolté. La saison apicole à Montreuil dure trois mois, d’avril à fin juin, offrant la possibilité de deux récoltes, l’une de printemps et début d’été.


Les ennemis de l’abeille

Les pesticides, spécifiquement les néonicotinoïdes sont en passe d’être définitivement interdits après 25 ans de lutte (n’existent pas sur notre territoire montreuillois).

La varroase, maladie transmise par un acarien le varroa destructor qui parasite le corps des abeilles. Il diminue significativement l’espérance de vie des ouvrières. Il existe des traitements qui ne sont pas efficaces à 100%.

Le frelon à pattes jaunes de la famille des Vespidae est originaire d’Asie. Il se nourrit des protéines contenues dans la chair d’autres insectes. La butineuse du fait de la présence de ce prédateur sort moins pour récolter le pollen et le nectar. Il est donc responsable de la mort d’abeilles et empêche la naissance de nouvelles en faisant baisser la production.
A l’entrée de l’hiver les colonies d’abeilles se retrouvent affaiblies.


Le travail de Stéphane
Le miel urbain est un miel toutes fleurs sauvages (et oui, pas de champs cultivés en ville !). La ville de Montreuil a arrêté le traitement des pesticides en 2009. Il a une vingtaine de ruches à son actif qui donne environ 400 kg de miel à l’année. Il n’a pas demandé la certification bio, notamment pour avoir le choix pour le traitement contre le varroa. Toutes ses ruches sont
montreuilloises. Ses points de vente se partagent entre les AMAP, La Caravane (Stéphane est caravanier) et les marchés. Le miel de mon voisin compte deux récoltes, une de printemps avec une note dominante d’acacia et une autre début d’été avec un goût légèrement mentholé apporté par le tilleul. Les deux sont onctueux, riches en saveurs et longs en bouche !

Vous l’aurez compris, chaque miel a ses particularités. A vous de goûter et de choisir celui que vous préférez !

La visite des ruches au fond du jardin

Stéphane nous emmène au fond de son jardin où plusieurs ruches sont en activité. Il va vérifier les ruches en production, les ruchettes qui abritent les nouveaux essaims. Pour la prochaine quinzaine de jours à venir, il va accélérer la production de miel en posant de nouvelles hausses ainsi qu’une grille qui empêche la reine de monter et d’aller y pondre. De cette façon la hausse sera réservée au miel.

Stéphane réalise lui même l’essaimage. Dans la nature pour se reproduire la ruche se scinde en deux. La reine part avec la moitié des abeilles laissant une ruche orpheline qui va élever une nouvelle reine. Pour assurer à l’essaim les meilleures conditions et aussi pour éviter à l’apiculteur de laisser son travail d’un an s’envoler dans un arbre, il prélève des cadres avec du couvain à une colonie dynamique et populeuse et les dépose dans une ruchette. Dans ce jeune essaim sera introduite une cellule royale sélectionnée.

Il nous montre plusieurs ruches avec ces nouvelles colonies.

Grâce à cette visite conduite par un passionné, nous avons mieux compris le travail de l’apiculteur urbain et celui des abeilles.
Pour les amateurs, sachez que ce délicieux nectar est en bonne place en rayon à la Caravane.

Photos : Dominique Galatola
Rédaction : Michèle Rolland

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